CHER MAÎTRE

Quel effet cela fait-il d’aller au-delà du mental ?

Par Carolina Oquendo

Shaumbra Magazine, Décembre 2024

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La route s'étendait devant nous, un interminable ruban d'asphalte serpentait à travers des champs verts et dorés, laissant parfois place à de petits groupes d'arbres ou à une ferme rustique. Le soleil de fin d'après-midi éclairait tout d'une lumière chaude et mielleuse, tandis que les nuages qui pendaient au ras du sol étaient lourds de promesse de pluie. Une douce odeur de terre flottait dans l'air, et le ronronnement du moteur de la voiture semblait constant sous nos pieds, comme un battement de cœur.

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J'ai serré le volant plus fort, mon mental bourdonnant sous le poids des questions que je me posais. Je voulais tellement donner un sens à ce que je devais dire. À côté de moi, le Maître – ses cheveux gris tombaient autour de son visage comme des mèches d'argent – était assis, le bras appuyé sur la portière, ses doigts tapotant légèrement, le regard fixé loin au-delà de l'horizon, apparemment inconscient des questions qui se bousculaient en moi. Sa présence, cependant, était un réconfort, comme une ancre, et j'étais déterminée à ne pas gâcher ce rare moment passé ensemble.

Finalement, je rompis le silence, désireuse d'en finir. « Maître, je ne suis pas très à l'aise ces derniers temps, et je ne sais même pas comment entamer cette conversation, alors je vais juste le dire à haute voix et essayer de trouver mes mots en même temps.»

Il tourna légèrement la tête, me jetant un regard oblique, les yeux pétillants d'une gentillesse amusée. « Vas-y, parle. Je t'écoute. »

Je levai les yeux au ciel, un sourire se dessinant sur le coin de ma bouche malgré la nervosité. «Donc, nous avons parlé d'aller au-delà de l'esprit/du mental. Et comme vous l’avez également dit à plusieurs reprises, nous ne pouvons pas aller au-delà de l'esprit/ mental à partir de l'esprit/mental lui-même, alors je suis un peu... perdue. Comment puis-je intégrer cela dans ma vie ? »

Le Maître se pencha en arrière, posant ses pieds sur le tableau de bord, une vieille habitude qui ne manquait jamais de m'agacer, mais cette fois, j'ai retenu un soupir. Il ne s'en rendit pas compte – ou probablement s'en moquait-il. « Ah, la grande énigme au-delà de l'esprit/mental », dit-il avec un sourire narquois. « Tout le monde veut savoir comment en sortir.

C'est comme si l'esprit/mental était une fête qui aurait duré trop longtemps et que maintenant tu essayais de trouver la porte avant que quelqu'un n'insiste pour faire du karaoké. »

Je me suis mise à rire malgré moi. « Vous dites donc que c'est aussi simple que ça ? Il suffit juste de… quitter la fête ? »

Il haussa les épaules en agitant la main de façon théâtrale. «Eh bien, ça le serait si tu n'étais pas si déterminée à tout comprendre, à tout analyser jusqu'à la moindre miette. Tu es comme un écureuil qui ramasse des noix pour l’hiver, qui accumule des pensées et des concepts jusqu’à être ensevelie sous tant d’analyses que tu peux à peine respirer.»

Je lui lançai un regard enjoué. « Ce n’est pas très utile, Maître. »

« Oh, c'est très utile », a-t-il rétorqué en souriant. «C'est juste que tu n'aimes pas la réponse. L'esprit/mental veut être le héros, s'emparer d'un grand concept et le soumettre. Mais devine quoi ? L'« au-delà » est le seul endroit où ton esprit/mental est aussi utile qu'une porte moustiquaire sur un sous-marin. »

J'ai ri, sentant la tension se relâcher un peu. « Une porte moustiquaire ? Vraiment ? »

Il haussa les épaules, imperturbable. « Dis-moi que j'ai tort. »

Je secouai la tête, essayant de ne pas sourire. « D’accord, vous n’avez pas tort. Mais alors, qu’est-ce que ça fait d’être au-delà de l’esprit/mental ? Qu'est-ce qui se passe réellement ? » Je m’arrêtai et lui jetai un coup d’œil. « Je pensais sincèrement qu’après tout ce temps, je percevrais ces autres réalités que vous avez mentionnées. Mais je me sens toujours très ancrée ici. »

Le Maître arqua un sourcil et fit une grimace. « Tu veux dire que tu n'as pas vu en quatre dimensions ? Pas de murmures cosmiques à ton oreille ? Pas de halo radieux ? »

« Oh, arrêtez », dis-je en riant, incapable de garder mon sérieux. « Je suis sérieuse. »

Il agita la main d’un air dédaigneux, mais son expression s’adoucit, l’humour cédant la place à quelque chose de plus authentique. « Je sais, je sais », dit-il. « Mais voilà le problème : tu comptes toujours sur tes sens humains, ton esprit/mental, pour faire quelque chose pour lequel ils n’ont pas été conçus. L’esprit/le mental utilise ces cinq outils de base pour recueillir, interpréter et mesurer des données – et il est fantastique pour créer votre réalité ici-bas.

Mais dès que vous essayez d’amener ces sens dans les royaumes de l’au-delà l’esprit/le mental ne peut même pas commencer à l’imaginer », dit-il. « Au-delà de l’esprit/mental se trouvent l’expérience pure, le potentiel non filtré, le choix et la vie. »

Ses mots se posèrent entre nous et, pendant un instant, je remarquai une lueur dans ses yeux, quelque chose d'invitant, comme s'il me mettait au défi de le suivre. Il n'insista cependant pas ; il me laissa simplement m'asseoir avec lui, son regard se reportant à nouveau vers la fenêtre.

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J'ai pris une grande inspiration, regardant la route devant moi, réalisant à quel point mon esprit/mental avait essayé de décortiquer/ de disséquer tout cela. Comment peut-on ressentir quelque chose sans le traiter/ sans l'analyser? Pensai-je, alors qu'une foule de questions se disputait la priorité dans mon esprit/mental.

« D’accord Maître, mais comment puis-je y arriver si je ne peux pas le comprendre intellectuellement ? »

Il pencha la tête et se frotta le menton d'un air théâtral. « Ah, pauvre humain, bloqué dans l'abîme de l'intellect », songea-t-il, avec une sympathie moqueuse dans le ton. « C'est tragique, vraiment. Tous ces QI, et toujours coincés dans les mêmes vieux schémas. »

« Maître », l’avertis-je en souriant malgré moi, « ne m’obligez pas à m’arrêter et à vous laisser ici. »

Il rit, un son riche qui emplit la voiture, ses mains levées en signe de reddition feinte. « D'accord, d'accord. Réponse sérieuse : tu as besoin d'une nouvelle forme de conscience – un Maître Sens.» Il se pencha en arrière, croisant les bras avec un léger sourire en coin. « C'est la Conscience 101/ C'est l'initiation à la conscience. La première étape : « J'Existe ».

Mais pas comme une pensée, pas comme un mantra. C'est une connaissance, une reconnaissance qui ne peut pas être filtrée par l'esprit/le mental. C'est aussi simple que difficile parce que cela t’oblige à arrêter de penser et à commencer à ressentir à un niveau différent. »

Je sentis monter en moi une frustration familière, celle qui me faisait serrer les doigts autour du volant. « Oui, je sais », marmonnai-je, une pointe d’exaspération se glissant dans ma voix. « Mais c’est tellement difficile de ne pas retomber dans cette vieille habitude de faire bouger les choses. J’ai été entraînée à réfléchir et à planifier mon chemin à travers tout. »

Il hocha la tête, un petit sourire compatissant sur le visage. « Et c'est pourquoi tu es frustrée. Tu continues à faire des efforts, tu continues à essayer de pousser. C'est comme tourner en rond, n'est-ce pas ? L'esprit/le mental n'aime rien tant que s'immiscer. C'est comme un voisin curieux, qui regarde par-dessus la clôture juste au moment où tu es sur le point de faire une percée. « Oh, que se passe-t-il ici ? Besoin d'aide ? » Il secoua la tête avec une exaspération feinte. « Tu n'as pas vraiment besoin de son aide. Tu t'en sortiras très bien sans lui. »

J'ai laissé échapper un petit rire, surprise de constater à quel point cela semblait vrai. « Oui, vous avez raison, comme toujours », ai-je admis. « Je me retrouve prise dans le piège de l'esprit/mental qui me pousse à continuer de pousser, comme s'il essayait de m'« aider » à aller là où lui, il pense que je vais.»

Sa main se dirigea vers le tableau de bord, tapotant au rythme de la chanson à la radio. « Exactement. Et c'est compréhensible. Tu as envie d'utiliser tes sens humains ou ton esprit/mental pour comprendre. Tu essaies même de faire des exercices mentaux d'expansion, n'est-ce pas ? Je parie que tu imagines agrandir ton esprit/mental ou quoi que ce soit d'autre. Et mon amie, je suis désolé de dire que cela ne fonctionne pas non plus. »

Je ris en desserrant ma prise sur le volant. C'était vrai. J'avais fait ça.

Il a poursuivi : « Il s’agit de permettre, de lâcher prise. Tu penses que c’est toi qui es en mouvement, qui fait avancer les choses. Mais vraiment ? Tout bouge déjà, grâce à ta lumière, à ta présence même. Il n’y a rien que tu aies à forcer. Tout est déjà en train de se passer, avec ou sans ton effort.

« Souviens-toi, la création est en mouvement, toi, tu ne l'es pas. Laisse-la simplement venir à toi. Laisse le processus se produire».

J’ai vérifié le compteur de vitesse, en relâchant la pédale d’accélérateur pendant que je réfléchissais à ses paroles. Mes pensées se sont tournées vers un projet récent sur lequel je travaillais. « Maintenant que vous le dites, je me souviens de l’époque où je travaillais sur ce projet et j’avais une idée claire de ce que je voulais, même si je ne pouvais pas l’exprimer avec des mots. Mais plus j’essayais de le faire, plus ça devenait difficile— comme si je m’agrippais à de la fumée. J’ai fini par me sentir tellement frustrée, jusqu’à ce que je comprenne enfin : je devais lâcher prise et simplement croire que tout se déroulerait tout seul. Et le plus drôle, c’est que dès l’instant où j’ai arrêté d’essayer de contrôler chaque détail, la solution est arrivée. Juste au moment où j’avais cessé de m’y attendre. »

Les yeux du Maître brillaient d'une fierté tranquille. « Et voilà. C'est le ticket d'or. Tu lâches prise, et il y a un flux. C'est comme se tenir dans une rivière au lieu d'essayer de la diriger. Le moment où tu réalises : « Ne pas pousser, mais simplement permettre ». Mais ne pense pas à cela comme à un abandon, pense que c'est laisser la création venir à toi. »

Finalement, je ne l'ai pas seulement compris, je pouvais le sentir. Un silence confortable s'est installé entre nous tandis qu'une vieille chanson jouait à la radio et que nous passions devant un panneau indiquant la frontière de l'État, de nouveaux paysages se dévoilant devant nous. Des arbres bordaient la route, projetant de longues ombres qui s'étiraient comme des bras accueillants.

« Alors… au lieu de pousser ou de forcer les choses, je les autorise. Mais alors, comment puis-je savoir si je suis sur la bonne voie? Comment puis-je savoir que cela se produit vraiment ? » Ai-je demandé, à moitié en plaisantant, à moitié en m'interrogeant.

Le Maître rit, un rire plein et riche qui emplit la voiture et réchauffa l'espace entre nous. « Tu ne peux pas te tromper », dit-il, essuyant une larme inexistante de son œil. 

Puis son ton s'adoucit, devenant presque conspirateur. « Ce qui est drôle, c'est que je sais que tu penses que rien ne se passe. Non, pas avec tes sens humains, ce n'est pas le cas.

Tu ne peux pas ressentir de la manière ancienne, ni le penser de la manière ancienne, et tu ne le veux pas non plus. » Il s'arrêta, jeta un coup d'œil, les yeux brillants. « Comment sais-tu que quelque chose se passe ? Cela se produit parce que tu le permets. Comment sais-tu que le Sens du Maître est là ? Parce que c'est le cas ! Cela ne pourrait pas être plus simple que ça. »

Il s'arrêta un instant, ses mots persistant dans l'espace entre nous. Je pouvais sentir que je me détendais un peu tandis qu'il continuait.

« Comment sais-tu ce qu'est le Sens du Maître ? Parce que tu l'as toujours eu. Et tu sais quelle est la meilleure partie? Tout se passe, que tu essayes ou non. La seule chose que tu dois faire, c'est de le permettre. Lui faire confiance. C'est un peu comme ce road trip, tu ne trouves pas ? C'est toi qui conduis, et moi je suis juste là pour profiter de l'expérience, confiant que tes impressionnantes compétences de conduite nous mèneront à notre destination. Peu importe quelle est cette destination, mais j'ai confiance que nous y arriverons. »

Je riais en secouant la tête. « Faire confiance et permettre, hein ? Et me voilà, pensant que je devais créer un « Processus de permission » en douze étapes avec des diagrammes et des tableaux à code couleur pour les maîtriser », ai-je souri en le regardant.

Il tendit la main et me serra légèrement l'épaule. « Tu as déjà maîtrisé tout cela en étant ici, en choisissant de vivre tout cela exactement comme c'est. Et c'est de cela qu'il s'agit. C'est plus simple que tu ne le penses, mais c'est une leçon qui prend toute une vie pour comprendre. »

J'ai pris une grande inspiration et j'ai de nouveau relâché ma prise sur le volant. Le ciel s'est approfondi de couleurs qui semblaient plus vives, plus éclatantes, et la route s'étendait devant nous, sans fin mais limitée, nous menant là où nous devions aller. Pour la première fois, je n’ai pas ressenti le besoin de savoir où c’était.

Alors que le soleil baissait, projetant une lueur dorée sur tout ce qu'il touchait, j'ai relâché un peu plus ma prise sur le volant, faisant confiance à la route, faisant confiance à l'instant et, enfin, me faisant confiance à moi-même.

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Les paroles du Maître dans cette histoire sont basées sur les canalisations  d'Adamus de :

(Next) Series – Shoud 12

Walk on Series – Shoud 5

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Auteur

Caroline Oquendo

Carolina fait partie de l'équipe de Crimson Circle depuis 2021 et supervise l'expérience client et l'analyse des données depuis un an. Son parcours en tant que Shaumbra a officiellement commencé en 2011, à l'époque où elle s'amusait encore à sauver la planète en tant qu'ingénieure environnementale. Mais ce n'est qu'en 2015, après un atterrissage plutôt brutal dans la prise de conscience qu'elle n'appréciait pas vraiment la vie qu'elle avait choisie, qu'elle a décidé de changer de cap et de se consacrer à se connecter à sa connaissance et à sa sagesse intérieures, et de faire de son mieux pour aller au-delà des limites qu'elle s'est créées. Car, selon les sages paroles de Metallica, « Rien d'autre n'a d'importance ». Carolina peut être contactée par e-mail .

Interprétation de Feolla

feolla.ca@gmail.com    www.quatorzenouvelleenergie.com