Quatorze

Quatorze

CÔTE À CÔTE - Par Susana Piohtee - Shaumbra Magazine, Mars 2024

 

 

CÔTE À CÔTE

 

 

 

Par  Susana Piohtee

Shaumbra Magazine, Mars  2024

www.crimsoncircle.com

 

 

En ces temps de la fin d’une ère, alors que les voiles s'amincissent, la révélation apocalyptique de la vérité, à la fois positive et négative, nous montre beaucoup de choses avec une clarté cristalline. Par exemple, après des éternités où la balance de l'égalité penchait lourdement en faveur du Masculin, cette balance est en train de basculer sauvagement, alors que le Féminin s'avance pour prendre la place qui lui revient aux côtés de son partenaire Masculin. Et il est certain qu’une nouvelle relation entre masculin et le féminin fait partie intégrante de l’expansion de la conscience ; c'est une exigence pour cette « Nouvelle Terre » que nous considérons comme notre avenir ; Comme le dit si sincèrement le visionnaire Charles Eisenstein : « Le monde le plus beau que nos cœurs connaissent est possible. »

 

Aujourd'hui, la lumière de l'expansion de la conscience révèle la misogynie qui sévit /qui fait rage sur toute la planète avec plus de force que jamais. Le vieux patriarcat tente désespérément de s'accrocher à son pouvoir en défiant les aspects craintifs des hommes à se défendre par des comportements toujours plus agressifs. Mon Maître me rappelle un chat sauvage acculé dans un coin, masquant sa peur par de forts sifflements et de féroces démonstrations de dents et de griffes. Ce qu’il veut vraiment, bien sûr, c’est être accepté et aimé !

 

J'ai donc été ravie de lire l'article sensible d'Erlend Wangensteen « Et Isis… À propos des hommes ayant un but » dans l'édition du Shaumbra Magazine de novembre 2022, et j'ai été incitée à partager ma propre compréhension et mon expérience de ce sujet important du point de vue d'une femme. La première chose qui m'est venue à l'esprit a été le souvenir d'une visualisation que j'ai expérimentée, avec le soutien d'une amie, il y a environ 25 ans. Je ne l'ai jamais oublié. La partie décrite ci-dessous n'en est que le début  (elle a fini par aboutir à un bel achèvement). Cette visualisation a eu lieu à une période où je m'étais profondément et consciemment engagée à explorer ce que cela signifiait d'être une femme... et à essayer de comprendre ce que cela signifiait d'être un homme.

 

Je suis en conversation avec mon Masculin intérieur ; ou plus précisément, je rejette les supplications de mon homme intérieur qui me demande de le laisser marcher devant « moi » – mon Féminin intérieur. Elle avance à grands pas sur un chemin forestier, la tête haute, tenant un long bâton dans sa main droite.

 

L'ombre masculine qui marche à une certaine distance derrière elle la supplie : « S'il te plaît… tu ne sais pas où tu vas; c'est mon rôle de te guider – et de te protéger !

 

Elle se moque : « Ouais, c'est ça. Protège-moi en m'enchaînant comme tu le faisais avant que je ne devienne sage; en me disant que je suis incapable de faire et d'être toutes sortes de choses ;  en m'empêchant de faire quoi que ce soit sans ta permission, et quand je m'y oppose, en abusant de moi de toutes les manières possibles et imaginables ; en me disant que c'est pour mon bien parce que tu es un être supérieur et que tu sais toujours ce qu'il y a de mieux. Et tu sais quoi? Je te croyais ! »

 

Alors que j'étais assise, calme en apparence, permettant à cette expérience intérieure de se dérouler, j'ai commencé à ressentir une rage frémissante, bouillonnant à l'intérieur de moi, tandis que des images se déroulaient dans mon esprit: des femmes aux organes génitaux mutilés ; des femmes tuées par leurs pères et leurs frères afin de « protéger l'honneur de la famille » ; des femmes meurtries et battues par des partenaires ivres ; des femmes à qui les « autorités » demandaient de « se couvrir »  si elles voulaient éviter d'être violées; des femmes traquées et enfermées à l'isolement par leur propre père pour avoir quitté le foyer familial; des femmes honteuses et humiliées pour avoir donné naissance à des filles ; des bébés féminins non désirés, abandonnés pour mourir ; des filles empêchées de recevoir une éducation, et encore moins d'avoir un métier.

 

Oh, j'ai bien ressenti de la colère !  Au fur et à mesure que ces images et bien d'autres encore envahissaient mon esprit, la rage frôlait la haine ! Et pourtant, étrangement, cette rage s'accompagnait de chagrin et de compassion. Même si à cette époque, j'avais choisi de vivre sans homme dans ma vie, j'appréciais vraiment la compagnie d'hommes éveillés, et je pouvais même compatir à leur lutte pour savoir « comment être » dans ce nouveau monde dans lequel les femmes récupéraient le pouvoir du Féminin.

 

Ma propre histoire – en quelques mots– ressemble à ceci : Je me suis mariée jeune dans une culture très patriarcale. Il m'a fallu huit ans pour reconnaître enfin ( le syndrome du « j'ai fait mon lit, je dois donc m'y coucher » !) que la vie de citoyenne de seconde zone, dans laquelle une femme était censée connaître sa place – au lit, dans la cuisine, en tant que mère et comme objet décoratif au bras de son mari – n'était pas faite pour moi. 

 

C'est avec un mélange de soulagement et de grande tristesse que j'ai fui le mariage avec mes jumelles de quatre ans et ma mère devenue veuve. La tristesse était due au fait que je ne voulais pas priver mes filles du contact avec leur père et sa famille : c'étaient des gens bons et gentils qui vivaient dans un système de croyance qui considérait qu'il était parfaitement acceptable qu'un homme batte sa femme si nécessaire pour «  la faire rentrer dans le rang! » Ce système de croyance n’était pas compatible avec le mien.

 

 

Généré par l’IA

 

 

Au cours des années qui ont suivi, j’ai eu plusieurs relations intimes agréables avec des hommes. Néanmoins, il est arrivé un moment où je ne pouvais plus éviter d'être confrontée au fait que, dans ce type de relation, j'adaptais mon comportement afin de plaire à mon partenaire. Je le faisais même avec des amis masculins ! Par conséquent, au début de la quarantaine (je suppose que c’est lorsque j'ai commencé à laisser mon Maître – mon âme – me guider), j'ai pris la décision consciente de continuer ma vie sans chercher, ni même être ouverte à un homme pour la partager avec moi. 

 

À ce moment-là, j’avais réalisé que l’un de mes objectifs dans cette vie était d’établir un équilibre entre mes énergies intérieures féminines et masculines. Par conséquent, une grande partie des 40 dernières années a été consacrée à l'exploration des différences dans l'expression de ces énergies, et à la façon dont ces différences très réelles peuvent soit se fondre dans une harmonie merveilleusement créative, soit s'opposer et causer de la misère autour d'elles.

 

Après 25 ans passés en Espagne et aux Pays-Bas, j'ai fini par revenir vivre au Royaume-Uni. Plusieurs expériences révélatrices m'ont montré à quel point je me sentais toujours dépendante de l'approbation masculine pour mon estime de soi - même si j'avais vécu de manière indépendante en tant que mère célibataire pendant une quinzaine d'années! C'est alors que j'ai commencé à véritablement explorer ce que signifie « être une femme », à la fois sur le plan psychologique et pratique, dans ma propre vie quotidienne et dans celle d'autres femmes. J'ai conçu et animé divers ateliers sous le titre « Qu'est-ce qu'une femme ? Et j'ai entamé une formation formelle de quatre ans pour devenir psychothérapeute.

 

Pendant cette période, j'ai participé à plusieurs groupes de femmes et j'en ai initié d'autres. J'ai également travaillé et fréquenté des hommes qui appartenaient à des groupes d'hommes et qui étaient eux-mêmes en train de « s'éveiller », et j'ai beaucoup apprécié leur compagnie. J'ai lu les livres clés de cette époque (début des années 90) qui parlaient de ce que signifiait « être un homme », comme Iron John de Robert Bly et Fire in The Belly de Sam Keen. Pourtant, Il arrivait qu'un homme dise ou fasse quelque chose qui déclenchait cette rage intérieure qui couvait encore dans le ventre de mon propre humain, n'attendant que quelque chose pour l'enflammer - « Aargh les hommes ! Pour qui se prennent-ils ! Quelle arrogance ! »

 

Alors que les sociétés occidentales adoptaient peu à peu le point de vue des féministes, donnant lieu à des actions et à des politiques gouvernementales visant à instaurer une plus grande égalité entre les hommes et les femmes, tant dans la vie publique que dans la vie privée, j'ai commencé à voir émerger une mentalité de victime chez les hommes qui ne se sentaient plus en sécurité dans leur position dominante. Même si je pouvais comprendre ces sentiments, les vestiges de cette rage au plus profond de mon humain étaient encore déclenchés lorsque je les entendais se plaindre de toutes les façons dont la vie les traitait injustement maintenant que le féminisme leur avait montré qu'ils étaient moins indispensables qu'ils ne l'avaient cru. Le mouvement « incel » en est un triste exemple aujourd'hui.

 

Je me souviens très bien de la première fois où j'ai vu un homme pleurer au cours d'un atelier auquel je participais, et à quel point cela a fait du bien à mon humain : « Maintenant, vous comprenez ce que c'est que de se sentir miné/ affaibli et de voir ses sentiments rejetés. Bien! » Il était clair que la plupart des autres femmes présentes éprouvaient des sentiments similaires aux miens. Mais pour cet homme, l’expérience fut si déconcertante qu’il quitta l’atelier.

 

En tant que psychothérapeute et animatrice de groupe, j'ai tenté de collaborer avec un collègue masculin avec qui j'avais suivi une formation pour concevoir un atelier pour hommes et femmes afin d'explorer ensemble cette relation entre masculin et féminin. Ironiquement, même si nous étions tous les deux également enthousiastes à l'égard du projet, lui et moi n'avons tout simplement pas réussi à mener à bien notre tâche. Nos approches étaient tellement différentes : je trouvais qu'il n'était pas fiable et il me trouvait agaçante : C'était un exemple parfait d'opposition entre le féminin et le masculin. Nous sommes toujours amis, plusieurs années plus tard.

 

 

Généré par L’IA

 

 

Durant cette période, j'ai écrit et publié plusieurs articles. L'un d'eux s'intitulait Moi Jane, Toi Tarzan – Le Genre et sa pertinence pour Transformer la Démocratie, traitait en détail les différences les hommes et les femmes, entre le masculin et le féminin, à une époque où de nombreuses féministes cherchaient à nier ces différences, croyant à tort que les femmes en tireraient profit.

 

Alors que nous, les humains, entrons dans un tout nouveau paradigme d'expérience et de développement, chacun rencontrant la Nouvelle Terre de son choix, l’interaction externe entre les hommes et les femmes et l’interaction intérieure entre le Divin Féminin et le Divin Masculin doivent sûrement être là où un changement majeur est nécessaire. Je me demande si l’émergence de tant de questions liées à l’identité de genre n’est pas la manifestation extérieure du travail intérieur effectué par des individus en éveil qui tentent de trouver cet équilibre intérieur entre féminin et masculin.

 

Personnellement, au cours de ces années d'exploration, j'ai souvent souhaité secrètement pouvoir rencontrer « mon âme sœur ». Tout en comprenant qu'en réalité mon « autre moitié » était en moi en permanence, cette compréhension n'a pas été facile à intégrer, car je vis dans une société où une femme seule est encore considérée comme une bizarrerie. Et oui, mon humain peut choisir d'avoir un partenaire intime, quel que soit son sexe, avec qui profiter de la vie, mais il n'y a aucun « besoin » impliqué, pas besoin de trouver un autre pour me compléter. Non, car je suis déjà complète.

 

 

Généré par L’IA

 

 

Aujourd’hui, je porte dans mon cœur un scénario qui résume l’histoire séculaire de la Divine Romance. De nombreux Shaumbra la connaissent probablement sous une forme ou une autre :

 

Elle fit les cinq pas obligatoires derrière lui. Ses pieds traînaient, sa tête était baissée, son visage était couvert. Pour son Cœur-Esprit, elle n’existait pas.

 

Il fit ces cinq pas devant elle, droit, la tête haute. Un grand guerrier, fier et inflexible.

Et puis, la Lumière entra en elle, d'où, elle ne savait pas. Elle a empli tout son être, pénétrant et ouvrant son cœur et son esprit à tout ce qui est. Émerveillée, elle découvrit son visage et détacha sa tête. Ses yeux virent pour la première fois.

 

Elle, désormais si légère et si libre, passait devant lui, s'exaltant de nouvelles sensations de légèreté et d'air. Elle dansait et tournoyait, ses beaux cheveux flottant librement au vent, ses pieds ne touchaient pas le sol. Elle inspira profondément, s'imprégnant de la beauté de cette planète appelée Terre. Comment ne l'avait-elle jamais vue auparavant ?

 

Et puis, ses nouveaux yeux tombèrent sur son homme. Il était tellement seul !

 

Elle le voyait vraiment pour la première fois et elle l'aima. Un bel homme, fort et fier, droit et raide comme le bâton qu'il tenait à la main. Si facilement brisé.

 

Elle vit son ancien moi – un tas de vieux vêtements froissés sur le sol. Elle s'interrogea et prit sa décision: non, elle ne s’enfermerait plus jamais dans le tissu du patriarcat.

 

Et cet homme bien-aimé ? Le quitterait-elle ? Non, elle marcherait à ses côtés, lui prendrait la main et le nourrirait de Lumière et d'Amour. Il soupirait et s'émerveillait de la douceur à ses côtés.

 

Elle fit ce qu'elle avait choisi. Il fit ce qu'elle savait qu'il ferait. Il jeta le bâton qu'il portait, adoucit son regard et regarda autour de lui à la recherche du sentiment qui l'avait submergé de plaisir.  Il la vit, cette femme, telle qu'elle était réellement.

 

Il sortit de sa fierté /de son orgueil et entra dans sa véritable nature. Son corps rempli de la force de Lumière et d'Amour. 

 

La femme et l’homme marchaient ensemble, côte à côte.

 

 

Mon Soi Maître observe et sourit.

 

_________________________

 

AUTEUR

 

SUSANA PIOHTEE

 

Susana écrit : Mes 80 années chronologiques au cours de cette vie ont été consacrées à « bouger » – physiquement, mentalement, émotionnellement et spirituellement. Après m'être mariée très jeune dans une culture patriarcale où toute femme était considérée comme une citoyenne de seconde zone, j'ai fini par m'échapper (littéralement) avec mes jumelles de quatre ans et ma mère âgée.

 

Au début de la quarantaine, j'ai pris la décision consciente de vivre sans partenaire, reconnaissant que j'avais l'habitude de supprimer une grande partie de mon « moi » afin de plaire à l'homme de ma vie. Au cours des années suivantes, j’ai exploré de manière approfondie – intérieurement et extérieurement – ​​la signification, les énergies et les expériences du féminin et du masculin, du divin et de l’humain. Ces explorations m'ont amenée à relever de nombreux défis et à acquérir de nombreuses connaissances, pour finalement me permettre de laisser mon féminin et mon masculin intérieurs marcher côte à côte - la plupart du temps !

 

J'ai travaillé avec des chevaux, dans le tourisme, le journalisme et l'écriture, la psychothérapie, la résolution de conflits et l'animation communautaire. Aujourd'hui, je me consacre à très peu de choses, si ce n'est à profiter de mon environnement et de quelques amitiés précieuses, et à partager ma lumière d’une manière qui me vient naturellement. J'ai publié un livre pour enfants: Aventures avec Pégase

 

 

 

 

Interprétation de Feolla

feolla.ca@gmail.com    www.quatorzenouvelleenergie.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 



05/03/2024
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi