Quatorze

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PAS DE PLACE POUR LES RÈGLES- Par Geoffrey Hoppe Shaumbra Magazine Novembre  2020

 

PAS DE PLACE POUR LES RÈGLES

 

Geoffrey Hoppe 3Par Geoffrey Hoppe

Shaumbra Magazine Novembre  2020

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Le Maître se dirigea vers la salle de classe pour enseigner l'un de ses sujets préférés mais les plus difficiles. Aujourd'hui, il parlera aux étudiants des «Règles qui ne sont pas les leurs- Comment vivre en tant que Maître libre dans une société hautement réglementée». Une quarantaine d'étudiants ont été rassemblés dans le pavillon en plein air du campus de l'école. Le pavillon était entouré par la beauté de la nature, avec de grands arbres, un feuillage coloré, une herbe luxuriante et une abondance de faune locale. Les oiseaux, les écureuils et les lapins étaient tous occupés à chercher de la nourriture, ne prêtant aucune attention au Maître et aux humains rassemblés dans le pavillon.

 

Les étudiants étaient inhabituellement silencieux ce matin, lorsque le Maître est entré. Il s'est approché du lutrin et a fait un signe de la main pour indiquer qu'il était temps d'éteindre leurs téléphones portables. Personne ne devait rien faire; ils savaient déjà que le Maître avait une tolérance zéro pour les interruptions téléphoniques pendant ses cours. Les délinquants ont rapidement été priés de partir, et de se débarrasser de leurs téléphones intelligents pour la durée de leur inscription à l'École de Mystère. Certains se sont rebellés contre cette règle, mais la plupart n’ont pas voulu se lancer dans la confrontation car ce n’était pas si important que cela. Il est inutile de gaspiller des munitions émotionnelles pour quelque chose d'aussi insignifiant qu'un téléphone portable.

 

La première règle du jour a été mise en mouvement sans heurts.

 

«Imaginez un monde rempli d'êtres souverains», commença le Maître. «Des règles seraient-elles nécessaires?» Aucun élève ne répondit, soit en sachant qu'il s'agissait d'une question rhétorique, soit en craignant l'humiliation de donner une mauvaise réponse.

 

Après une longue pause sans réponse, le Maître demanda : «Quelles sont les Principales Directives de l'Esprit?» Quelques nouveaux étudiants ont levé la main avec empressement. Les vétérans se turent. Le Maître fit un signe de tête à Dennis pour obtenir une réponse. «L'amour est la solution pour la planète?» C'était plus une question qu'une réponse. Le Maître roula les yeux et prit une gorgée de son cappuccino. Il ignora la réponse de Dennis et passa à l'élève suivante, très enthousiaste.

 

Eleves

«Nous venons tous de la Grande Unité», répondit Silvia avec un air d'autorité. «Nous sommes Un», ajouta-t-elle comme si elle récitait un mantra New Age. Le Maître s'arrêta un moment comme pour contempler sa réponse.

 

«Silvia,» lui demanda-t-il, «Comment cela vous semble-t-il? Voulez-vous venir de l'Unité et revenir à l'Unité? »

 

«Oui, Grand Maître. Je ne fais qu'Un avec la Déesse Féminine, Mère de naissance de notre Univers Sacré. Mon destin est de retourner dans le Confort de son Abondant sein." Le Maître pouvait réellement entendre les lettres majuscules de certains mots pendant qu'elle parlait, comme si ces mots sortant de sa bouche étaient désignés comme sacrés. Elle était visiblement une nouvelle élève, probablement issue d'un groupe New Age la Divine Soeur du Dogme Infini.

 

Un jeune étudiant de sexe masculin est intervenu du fond de la salle. «À quel point sa poitrine est-elle abondante? La salle s'est remplie de ricanements et de rires de la plupart des étudiants.  Silvia elle-même n'était pas dans cette zone d'abondance physique, donc l'humour de ses vœux pieux n'a pas été perdu pour le groupe. Le Maître ignora la distraction et continua.

 

Mark fut le prochain à tenter de répondre à la question du Maître. Mark était à l'École du Mystère depuis quatre mois, et y était venu après avoir abandonné ses études pour un doctorat en philosophie. «Maître, la première directive de l'Esprit est de se conformer à la première directive de l'Esprit.» Le Maître faillit cracher son cappuccino à cette réponse. Seul un étudiant en philosophie pouvait rendre les choses encore plus qu'elles ne l'étaient déjà. Il savait qu'il ne fallait pas poursuivre la discussion plus avant, parce que Mark emmènerait toute la classe dans un terrier de lapin ésotérique sans fond.

 

Le Maître fit appel à Amy au fond de la salle. Elle n'avait pas levé la main, mais le Maître savait qu'elle était sa personne «de référence» ce matin. Elle était jeune et naturellement innocente. Sa seule faiblesse était un manque de confiance en elle, provoqué par le ridicule excessif de sa famille et de son mari. «Euh, je ne pense pas qu’il y ait une Directive Première de l'Esprit, mais je peux me tromper», répondit-elle d’une petite voix.

 

Le Maître sourit. «Sentez cela. Amy pense que l'Esprit n'a pas de Directive Première. Qu'est-ce que cela fait ?

 

Après quelques instants de silence, certains élèves crièrent leurs réponses :

 

«Libérateur»

 

"Bizarre"

 

"Chaotique

 

"Cool

 

" Détaché "

 

"Hérétique

 

"Ridicule

 

"Alors à quoi sert l'Esprit s'il n'y a pas de Directive Première ?"  demanda Marc le philosophe.

Le Maître utilisa la question de Mark pour se lancer dans son cours. La passion emplit sa voix et rayonnait de ses yeux. "Exactement", dit le Maître, " à quoi sert l'Esprit s'il n'y a pas de Directive Première ? Les humains ont besoin de croire que Dieu a des lois et des règles. Non seulement ils en ont besoin, ils l'exigent. Trois des principaux livres religieux de ce monde sont la Sainte Bible, le Coran et le Tanakh. Chacun de ces livres, tout en ayant une certaine valeur historique, est rempli des Règles de Dieu et des histoires de ce qui se passe lorsque les règles ne sont pas suivies. Ces livres sont à la base de certains des actes les plus odieux que les humains puissent commettre les uns envers les autres, le tout sous la bannière du Ciel. Cela a-t-il même un sens ? Pourtant, les humains insistent sur ces livres de règles, supposés provenir d'une source supérieure".

 

Le Maître prit une autre gorgée de cappuccino et continua. «L'Esprit n'a aucune règle. Il n'en a jamais eu, n'en aura jamais, n'en a pas besoin. La plupart des gens trouveraient cela très troublant, surtout lorsqu'ils sont accros /dépendants à la prière et aux cérémonies de dévotion. Ils doivent penser que l'Esprit a un programme, rempli de règles. Et vous - vous entendez les mots que je prononce, mais plus de la moitié d’entre vous ont encore un désir intérieur de croire que l'Esprit a une sorte de Directive Première - un but - étayé /soutenu par des attentes. Mais écoutez à nouveau mes paroles: il n'y en a pas. L'Esprit est libre, et donc vous êtes libres - lorsque vous êtes prêts - parce que vous êtes l’Esprit. "

 

Le Maître fit les cent pas à l'avant de la salle pendant que les étudiants contemplaient ce concept radical selon lequel l'Esprit n'a pas de programme, de règles, de directives ou d'exigences. Le Maître savait que c'était une tâche lourde, en particulier pour les nouveaux étudiants. Il se sentit dans l'énergie de Silvia pour sentir où elle en était avec tout cela. Une partie d'elle essayait de ressentir cette liberté divine, mais elle continuait à être dépassée par le makyo enrobé de sucre qu'elle saupoudrait sur ses pensées. Le Maître se demanda si elle réussirait sa première année à l'École du Mystère. Une année semblait être le point de séparation pour la plupart des nouveaux étudiants.

 

Le Maître poursuivit. «Les règles sont une création humaine. Moïse se sentait dans l'énergie de la communauté, et non dans l'énergie de Dieu, quand il a évoqué les Dix Commandements. Les lois et règles humaines sont conçues pour aider les individus et les groupes à vivre en coopération les uns avec les autres.

 

«Revenons à l'essentiel. Qu'est-ce que l'énergie? L'énergie est simplement une communication. Point. Elle n'a ni force ni pouvoir. C’est juste une communication, le chant de l’âme. Que se passe-t-il lorsque deux ou plusieurs êtres dotés d'une âme se réunissent? Ils communient! Les chants de leurs âmes s'harmonisent, ou du moins tentent de s'harmoniser.

 

Chacun «possède» sa propre chanson, qui ne peut jamais être la chanson d’un autre être avec une âme, ni entraîner un autre être avec une âme dans sa chanson, mais ils peuvent s’harmoniser. L'harmonisation des âmes a finalement conduit au sens de l'Amour, quelque chose que les humains ont expérimenté pour la première fois sur cette planète. Sentez-vous en cela !"

 

Le Maître fit une longue pause. Il remarqua que beaucoup d'étudiants avaient les yeux fermés, avec de grands sourires sur leurs visages alors qu'ils se sentaient en harmonie avec l'énergie et l'amour.

 

Foule

"Maintenant," continua le Maître, " amenons cela au niveau humain. Il y a environ 7 milliards d'êtres humains dotés d'une âme sur cette planète. C’est beaucoup de communion et d’harmonisation. Cela devient assez bruyant, comme vous le savez tous. Lorsque les humains ont commencé à développer les langues parlées, l'une des premières choses qu'ils ont faites a été de créer des directives communautaires. «Ne vous frappez pas la tête avec une pierre.» «Ne volez pas le cochon de quelqu'un d'autre.» C'est ce que nous appelons aujourd'hui des lois. Ces lignes directrices ont finalement été mises par écrit, ce qui a donné naissance à des politiciens et des juristes. Et au diable.

 

«Quand je dis" au diable ", je veux dire au contrôle. Les règles engendrent plus de règles, et donc plus de contrôle. Le contrôle est une forme d'alimentation en énergie. Il aspire la liberté de l'énergie et la passion de la vie. Ce qui devrait être une belle harmonisation de nombreux êtres dotés d'une âme vivant ensemble en communauté est maintenant juste…. De la nuisance. De l'harmonisation au préjudice/ au mal. »

 

Le Maître fit une pause pour laisser tout cela s'imprégner chez les étudiants. Il pouvait sentir les lumières s'allumer en beaucoup d'entre eux alors qu'ils vivaient leurs moments «ah-ha». Les règles peuvent être un moyen de communiquer sainement avec les autres, mais elles peuvent également être utilisées pour nuire aux autres en imposant un contrôle inutile.

 

Après 20 minutes de bonnes discussions et de questions, le Maître rassembla tout avec ceci:

«Nous vivons ensemble sur une planète surpeuplée, avec environ 52,5 fois les lois et les règles qui sont réellement nécessaires. Les gouvernements, les entreprises, les religions et les juristes sont profondément investis dans ces lois, et donc elles ne vont pas disparaître de si tôt. En fait, de plus en plus de lois seront rédigées à mesure que la population augmentera et que la technologie changera notre vie quotidienne. Alors, que pouvez-vous faire ? Il n’est pas possible d’ignorer les lois, car vous irez sûrement en prison. Essayer de se rebeller contre les lois est vain. Elles sont trop nombreuses, et ce n’est pas la raison pour laquelle vous êtes ici sur la planète en ce moment. Alors que faire?"

 

Le Maître accorda une longue pause. C'est Amy qui  rompit le silence. Cette fois, sa voix était ferme et régulière. Elle se leva, parlant lentement et délibérément. «Je vis peut-être dans un océan de lois humaines, mais je n'ai pas besoin d'avoir de règles en moi. Le véritable «mal» des règles, c'est lorsque je crée des règles au lieu de créer une harmonie pour moi-même. Alors le chant de ma précieuse âme devient une énergie dissonante. Cela finit par affecter mon bien-être physique et psychologique.

 

«J’ai passé les 31 dernières années de ma vie», poursuivit-elle, «à prendre les abus et les moqueries des autres et à en faire mes règles et mes lois intérieures. C'est ce qui m'a emprisonnée, pas les règles des gouvernements ou d'autres humains. Ça suffit! Je libère toutes les règles que j'ai établies pour moi-même. Je suis un être libre, peu importe le nombre de règles créées par l'humain dans le monde qui m'entoure.

 

Amy se rassit lentement sur sa chaise. La pièce était totalement silencieuse. Sans dire un mot, le Maître sortit de la salle à un endroit où il ne pouvait pas être vu par les étudiants. Des larmes coulaient sur son visage.

 

C'était dans des moments comme celui-ci qu'il comprenait pourquoi il avait choisi de rester sur la planète, aussi remplie de mal que d'harmonie. Une étoile de plus venait de s'allumer dans l'univers.

 

 

 

 

 

Interprétation de Feolla   feolla.ca@gmail.com        https://quatorze.blog4ever.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



09/11/2020
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